2ème dimanche de Pâques (c)

Auteur: Jean-Bertrand Madragule
Date de rédaction: 24/04/22
Temps liturgique: Temps de Pâques
Année liturgique : C
Année: 2021-2022

Je me souviens que lorsque j’étais enfant, l’Apôtre Thomas était toujours présenté dans la prédication comme la figure de « l’homme incrédule ». Celui qui ne voulait pas croire quand les autres lui disaient : « Jésus est ressuscité ». Il voulait d’abord le toucher. Le contenu des prédications de mon enfance pouvait se résumer en ces termes-ci : ne faites surtout pas comme Thomas. Et puis on faisait encore référence à la parole de Jésus avant la fin de l’Évangile d’aujourd’hui : « Heureux ceux qui croient sans avoir vu ».


Pendant mes études de philosophie, on présentait Thomas comme un « sceptique », l’homme qui se posait des questions, qui n’acceptait pas tout sans recul, qui voulait aller au fond de chaque chose. Et puis ce Thomas nous a été présenté comme un modèle.
Mais qui est vraiment Thomas ? Est-ce que Thomas correspond-il à cette étiquette qu’on lui colle : d’un côté l’incrédule, et de l’autre le sceptique, l’esprit critique ?
Si l’on veut comprendre Thomas, il faut d’abord revisiter les douloureux moments de la Passion de Jésus le Vendredi saint. Thomas était l’un des Douze qui avaient tout misé sur une seule carte. Ils avaient tout abandonné pour suivre Jésus. Et ils ont vu ce Jésus cloué sur la croix et mourir dans un cri d’abandon de Dieu : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Mt 27, 46). Tout s’écroule comme un château de cartes. C’est dans cette situation que se trouve Thomas.
Et puis, imaginez : le soir du jour de Pâques, l’Apôtre Thomas au cœur déçu, à l’espoir totalement brisé, arrive près de la maison où se trouvaient les autres Disciples. Il ouvre la porte et voit comment les autres Apôtres chantent et dansent, comment ils célèbrent leur communion fraternelle. Et il ne comprend rien. Il n’a pas rencontré Jésus.
Et puis les autres lui disent : Jésus est venu ici et il est vivant. Il nous a rencontrés. Mais Thomas leur dit : si je ne peux pas toucher ses blessures, alors vous pouvez me dire beaucoup de choses, je ne peux pas le croire.
Je suppose que la plupart d’entre vous ont connu de tels moments difficiles où l’on se renferme sur soi-même. C’est alors que l’on se demande s’il existe un Dieu vivant. Pourquoi y a-t-il tant de détresse dans ma vie, dans le monde, pourquoi y a-t-il tant de guerres ? Pourquoi un être cher est-il arraché à mes côtés ? Tout d’un coup, tout devient si creux et si vide.
Mais lorsque nous traversons une telle crise, nous pouvons apprendre de Thomas deux choses essentielles pour nous en sortir.
Une première chose. Lorsque tout s’est effondré chez Thomas, il a commis une erreur décisive : Thomas s’est détaché de la communauté des autres Apôtres. Et quand Jésus est arrivé, il n’était pas là tout simplement. J’ai souvent été confronté à une telle situation : lorsqu’une personne traverse une crise, elle se détache de la communauté. Et soudain, elle se dit : « Je dois d’abord m’en sortir seule ». Mais croyez-moi, c’est dans cette situation que nous avons le plus besoin de la communauté des frères et sœurs. Ce qui est décisif dans ce cas, c’est que nous nous soutenions mutuellement.
Remarquons que dans nos églises, surtout depuis la pandémie de Covid-19, certaines personnes ne fréquentent plus l’Eucharistie dominicale. Elles disent alors : « Cela ne m’apporte rien, je préfère faire autre chose ». Oui, d’accord, il se peut que l’Eucharistie ne t’apporte rien. Mais il est possible que tu rates l’occasion de rencontrer Jésus. Thomas n’était pas là quand Jésus est venu. Et cela signifiait pour lui une semaine supplémentaire de deuil et de désespoir.
Une deuxième chose. Si tu traverses une situation difficile dans ta vie et que tout devient si douteux, tiens-toi à Jésus. Et si tout semble indiquer le contraire, tiens-toi à Jésus, car il ne te laisse pas tomber. Il est capable de te visiter dans ton isolement et dans ta détresse !
Huit jours plus tard, lorsque Thomas est de nouveau avec les autres Apôtres et que Jésus arrive, il n’a pas fait de reproches à Thomas : « Où étais-tu la semaine dernière ? Pourquoi n’étais-tu pas là ? » Il ne lui a pas dit non plus : « Pourquoi donc n’as-tu pas cru les autres ? Ils te l’ont pourtant dit que je suis vivant ». Non, il prend Thomas très au sérieux avec ses questions, avec ses doutes, avec sa détresse.
Jésus s’approche de lui et lui dit : « Thomas, tu voulais me voir. Voici mes mains, voici mon côté. Tu peux mettre ton doigt dans mes blessures. C’est vraiment moi ».
Croyez-moi, Jésus ne te juge pas lorsque tu rencontres des difficultés dans ta foi et dans ta vie. Jésus te prend tel que tu es. C’est pourquoi, même si tout en toi s’écroule, accroche-toi à Jésus. Il te donne la paix de l’âme et du corps ! Jésus te rencontre au plus profond de ton cœur. Tu ne seras pas repoussé, mais accepté et pardonné. Jésus te demande seulement de croire !
En ce dimanche de la Miséricorde, je vous invite à faire cette expérience de la rencontre personnelle avec le Ressuscité, et cela dans l’écoute de sa Parole, dans la participation à l’Eucharistie dominicale, et à travers le témoignage de votre vie.
Pour Thomas, il a fallu une semaine de plus pour qu’il fasse l’expérience de la rencontre personnelle avec le Ressuscité et trouve lui aussi la foi dans le Ressuscité. Et cela, quand les Apôtres se trouvaient ensemble. C’est justement en cela qu’il n’est jamais trop tard pour croire en Jésus ressuscité.
Une des plus grandes miséricordes que le Ressuscité nous fasse pour fortifier notre foi est la grâce de la communion fraternelle. Jésus ressuscité est présent dans notre Eucharistie dominicale ! Jésus vit et agit dans les cœurs de nos frères et sœurs au milieu desquels il se rend présent. Se mettre à leur service nous permet de faire l’expérience personnelle avec le Ressuscité.
Choisir d’aimer, c’est être en communion avec les autres ; choisir d’aimer, c’est voir ; choisir d’aimer, c’est croire en Jésus ressuscité.