20e dimanche ordinaire, année C

Auteur: Delavie Bruno
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : C
Année: 1997-1998

Jésus s'adresse à ses disciples pour leur parler de lui. « Je suis venu sur la terre pour... ! » Il est rare dans les évangiles que Jésus fasse ainsi des confidences sur ce qui lui tient à c½ur, sur ce qui le passionne et donne sens à sa vie. . « jee suis venu apporter un feu ! » Voilà ce qu'il voulait.

Mais les disciples et, après eux, tous les chrétiens ont eu peur. Le feu, c'est dangereux. Il peut brûler. Et en nous tous, il y a tant de bois sec et mort, mais auquel nous tenons fort. Il y a tant d'habitudes acquises, il y a tant de compromis avec le ciel, avec les exigences du christianisme. Le feu de l'Evangile, cela peut nous mener très loin, là où nous n'aimons pas tellement d'aller ! C'est pourquoi chacun n'hésite pas à tailler des coupe-feu. On se dit : voilà ce qui est bien et voilà ce qui est mal ; ceci est important tandis que cela l'est beaucoup moins ; Il y a bien sûr des manquements graves, les péchés mortels, mais beaucoup de fautes sont vénielles. Et, pour se rassurer, on se dit qu'il suffit d'être en règle, d'obéir à l'autorité religieuse et l'on sait alors où l'on va. Mais Jésus lui, avait dit : « Comme je voudrais que ce feu soit déjà allumé ! » Et il avait ajouté en parlant de sa Passion et de sa mort : « Je voudrais être baptisé » Le baptême que doit recevoir Jésus est essentiel dans sa mission. Ce baptême a tout d'abord un goût d'épreuve. Seul le don total et unique de sa propre vie portera du fruit à jamais ! Sa hâte à marcher vers ce moment est autant liée à la difficulté de la passion, qu'à l'enjeu de vie éternelle que sa mort comporte.

Ensuite le baptême qu'il annonçait, c'est comme une naissance : la naissance d'un monde nouveau : Un monde où l'homme passerait avant la loi ; un monde où le publicain dans le fond de l'église aurait plus de valeur aux yeux de Dieu que le pharisien qui fait la leçon ; un monde où celui qui ne parvient pas à respecter la loi et qui se sait pécheur est pardonné avant le juste qui est irréprochable et le fait sentir à tous ; un monde où l'humble femme du temple qui n'a qu'une petite pièce à donner est plus généreuse que l'homme qui est riche et fait de grandes offrandes.

A l'aube de ce monde nouveau, ce serait la croix du Christ qui allumerait le feu. Et depuis lors, jamais, les chrétiens ne seraient en paix. Dans cette paix tranquille qu'affectionnent les puissants et les autorités, où le chef est le chef et le fidèle est le fidèle.

Depuis lors, il y aura toujours des divisions : comme dit Jésus dans l'évangile « trois contre deux et deux contre trois, le fils contre le père et le père contre le fil ... » Il y aura toujours des Jérémie, des gens accusés comme le prophète de démoraliser tout ce qui reste de combattants, des témoins parlant à contre-courant de la pensée véhiculée en leur temps. Il y aura toujours des contemplatifs et des spirituels qui consacreront leur vie ou leur temps à la prière et à la louange de Dieu. Il y aura toujours des théologiens, poussés par l'Esprit-Saint, qui secoueront les opinions traditionnelles, poseront des questions à partir des situations actuelles et bousculeront les certitudes établies. Il y aura toujours des hommes et des femmes suscitant des débats, ramenant à l'Evangile et retournant à la croix. Et chacun sera ainsi amené à dépasser sa médiocrité et à prendre position.

Ce sont ces témoins évangéliques - des gens parfois célèbres comme Mère Thérèsa, S½ur Emmanuel, l'Abbé Pierre - mais aussi des simples chrétiens anonymes qui aujourd'hui rallument le feu, allumé sur la terre par Jésus. Grâce leur soit rendue !